Culture du chanvre en pleine terre : besoins et conditions de culture

Itinéraire biologique

Introduction

L’objectif de tout producteur est avant tout la réussite de sa culture. Cela passe par une compréhension des facteurs qui vont permettre d’intégrer le chanvre dans ses rotations et d’en maîtriser les spécificités afin de gagner en qualité et en rendement.

La culture du chanvre en pleine terre est souvent plébiscitée par les producteurs pour son intérêt agronomique, son coût relativement faible à l’implantation (comparé à une culture hors-sol en espace contrôlé) et pour les qualités organoleptiques spécifiques que chaque terroir peut apporter.

La culture biologique nécessite une approche globale de notre compréhension du vivant. Elle prône d’intégrer les cultures dans leur environnement et d’aborder le sol non pas comme un simple support mais comme un élément constitutif du vivant. Un sol riche et bien « nourrit » pourra alors fournir tous les nutriments dont ont besoin les plantes.

La vie du sol permet la dégradation de la matière organique et sa biodisponibilité. Elle se veut à l’opposé du paradigme imposé par la culture conventionnelle qui, à force de recours aux engrais chimiques et pesticides, dégrade la vie du sol et appauvrit celui-ci. Elle pousse par ailleurs le cultivateur vers une dépendance accrue à ces artifices. Nourrir le sol plutôt que les plantes est une façon d’aborder plus globalement la culture sur le long terme.

La Culture

Le chanvre se plante entre mai et juin et se récolte entre fin septembre et début octobre (en fonction de la zone géographique et des variétés). Il apprécie particulièrement les sols bien décompactés, drainants et ayant un pH compris entre 6 et 8.

L’utilisation de paillage peut être un avantage, notamment pour favoriser un réchauffement plus rapide du sol et un maintien de l’hygrométrie (afin de limiter les arrosages).

Le Cannabis Sativa L. est une plante de type 3, c’est à dire qu’elle est considérée comme ayant un fort besoin de nutriments, et ce tout au long de la culture. Le risque de carences est important. Un apport régulier de matière organique, de bactéries et de mycorhizes permet de potentialiser l’activité biologique du sol, ainsi que la biodisponibilité des différents éléments.
Un sol vivant aura une capacité beaucoup plus importante à rendre biodisponible les différents éléments, comparé à un sol inerte.

Par ailleurs, il est bon de rappeler que les stress que peut subir une culture de chanvre peut facilement entraîner de graves conséquences sur la réussite de la culture (baisse de rendement / perte de récolte / déclenchement précoce de la floraison / hermaphrodisme / hausse du taux de THC…)

Les besoins en NPK pour une culture de chanvre s’étalant de mai – juin à septembre – octobre sont les suivants :

N : 100 kg – 130 kg
P2O5 : 50 kg – 90 kg
K2O : 100 kg – 150 kg
Mg : 15 kg – 25 kg

Une fertilisation de fond est donc nécessaire, en plus des apports en matière organique, afin de pallier aux manquements ou carences en certains éléments. (L’utilisation de Siforga, engrais de fond comprenant des souches de Bacillus amyloliquefaciens IT45 peut être envisagée).

Le meilleur moyen de mettre en place un plan de fertilisation adapté est donc de réaliser une analyse de sol (comprenant, entre autres, les reliquats azotés) auprès d’un laboratoire compétent afin de savoir quels sont les reliquats qui y sont présents et de, si besoin, apporter les éléments nécessaires au bon déroulement de la culture.

Certains blocages du sol peuvent être détectés lors de ces analyses, il sera alors judicieux de recourir à des activateurs de sol (Fongibacter, Humipower, Sema’zen, etc.) afin de redynamiser la vie de celui-ci. Cela est particulièrement vrai pour certains oligo-éléments qui peuvent être rendus indisponibles de par les variations de pH causé par une utilisation importante d’engrais chimiques et de produits phytosanitaires.

L’apport de biostimulants va alors jouer un rôle positif dans le cycle de minéralisation des éléments afin de rendre bio-assimilables les différents éléments nécessaires aux plantes. Ils ont chacun une fonction et un rôle bien précis, qui contribuent à redynamiser la vie biologique du sol.

Actions des biostimulants

Il est essentiel de rappeler que le chanvre n’a pas les mêmes besoins lors de la phase d’implantation, de croissance ou pendant le stade de pré-floraison et de floraison.

Besoins du chanvre en fonction de ses différents stades et rôles des différents éléments :
Rouge: Important - Orange: Nécessaire

RAPPEL :

Les éléments minéraux et oligo-éléments nécessaires et leurs rôles:

Azote (N) : C’est l’un des éléments les plus importants dont les plantes ont besoin pour produire les protéines, les enzymes, la chlorophylle, les acides nucléiques et surtout les cannabinoïdes. Il sera fortement nécessaire durant la croissance et le début de phase de floraison.

Boron (B) : Les plantes utilisent le bore pour transporter les sucres, pour métaboliser l’azote et former les protéines. Mais, plus important, il est utilisé avec le calcium pour créer de nouvelles cellules végétales et générer une nouvelle croissance saine.

Calcium (Ca) : Macronutriment secondaire (pas moins nécessaire), il joue un rôle important dans le renforcement des tissus de la plante et de sa résistance générale, améliore l’absorption et la translocation des nutriments (une carence en calcium peut entraîner d’autres carences), il “contrôle” et “regule” l’activité enzymatique et hormonale.

Cuivre (Cu) : active certaines enzymes des plantes, lesquelles jouent un rôle dans la synthèse de la lignine, en plus d’être essentiel dans plusieurs systèmes enzymatiques. Il est également requis dans le processus de la photosynthèse, est nécessaire à la respiration des plantes et aide au métabolisme des glucides et des protéines. Le cuivre sert aussi à intensifier la saveur et la couleur.

Fer (Fe) : joue un rôle important durant la photosynthèse, en contribuant à la pigmentation et à la respiration des feuilles, élément clé dans la formation de chlorophylle, les enzymes en ont besoin pour fonctionner correctement. Il est particulièrement vital pour les jeunes tissus encore en croissance

Manganèse (Mn) : favorise une croissance correcte, il sert à la formation des chloroplastes, aide à élever la tolérance au stress car nécessaire aux enzymes superoxyde dismutase, qui sont responsables de la détoxification des radicaux libres.

Magnésium (Mg) : Joue un rôle important dans la photosynthèse et régule la production d’enzymes. À noter qu’un phénomène de “blocage” peut apparaître dans des sols à des niveau de ph inférieur à 6,5.

Molybdène (Mo) :  aide à former deux enzymes essentielles qui convertissent les nitrates en nitrite, puis en ammoniac.

Phosphore (P) : Essentiel pour la production d’ ATP (adénosine tri-phosphate) qui joue un rôle critique dans la transformation de l’énergie lumière en liens chimiques. Le phosphore est aussi une partie de certaines protéines, enzymes et acides nucléiques qui sont vitaux pour les plantes.

Potassium (K) : Compose environ 1% du poids sec de la plupart des plantes, cet élément est nécessaire pour le fonctionnement du système respiratoire des plantes, du système enzymatique et pour la synthèse des protéines. Il aide aussi les plantes à maintenir leur « tugiture«  (tenue de la plante), la pression interne d’eau qui les supporte.

Soufre (SO4) : Macronutriment essentiel présent sous sa forme “sulfate” dans les sols, Il est un élément essentiel notamment dans la phase “végétative”, en favorisant la croissance racinaire, il aide à la production de chlorophylle, soutient le processus d’absorption de l’eau, et est une composante importante des protéines et acides aminés.

Zinc (Zn) : crucial pour la croissance, en influençant la force des branches, tiges et feuilles. Il est aussi indispensable à la production de chlorophylle.

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